Visite d’un chantier à Mesnil-en-Ouche – AG du CAUE 27

Le 8 juin, le CAUE 27 organisait son assemblée générale. L’après-midi, plusieurs visites était possibles. Je me suis rendue à Mesnil-en-Ouche, dans le bourg de la Barre-en-Ouche.

J’ai découvert le CAUE (Conseil Architecture, Urbanisme et Environnement) il y a quelques semaines à l’occasion du retour d’expérience de l’expérimentation recherche « Vallées habitées ». Cet événement m’a permis de me rendre compte de l’importance de ces métiers dans les dynamiques de transition des bourgs et des villes. J’ai alors souhaité aller plus loin dans la compréhension de leur démarche pour identifier si des liens sont possibles avec une démarche EFC, si le référentiel EFC peut être ressource dans le cadre de projets menés par le CAUE. J’ai donc décidé de participer à leur AG dans cette perspective.

Le projet de la Barre-en-Ouche s’inscrit dans une réflexion pour penser la revitalisation des bourgs à l’heure de la sobriété foncière. La démarche a été accompagnée par le CAUE depuis l’élaboration du PLU initié en 2021. Avec 900 habitants, la Barre-en-Ouche est un des deux bourgs centres de la commune nouvelle du Mesnil-en-Ouche créée en 2016. La commune dispose d’un campus éducatif depuis septembre 2021 ce qui amène la commune à accueillir de nombreux enfants, qui ne restent pas sur la commune, dont la population vieillit. Les logements dans le centre historique se vident. Enchevêtrés, avec des logements difficilement accessibles au-dessus des commerces, ils ne répondent plus aux attentes de nos contemporains.

Dans ce contexte, le projet est de construire deux foyers pour des personnes âgées et des personnes en situation de handicap et un pôle santé.  Une attention particulière a été portée à la qualité de la construction, ce qui a permis à la commune de recevoir une distinction nationale « Engagé pour la qualité du logement de demain ».

Par ailleurs, quelques logements ont été réhabilités dans le centre pour offrir des solutions de logement à des saisonniers ou des enseignants du collège sans toutefois permettre de répondre à toute la demande.

Enfin, un dialogue compétitif est en cours dans le cadre d’un projet de transformation des places et des circulations dans la ville.

Lors de la visite du chantier et plus largement du centre historique du bourg, il apparait clairement que les personnes impliquées dans ce projet sont très investies dans leur métier, la qualité du travail réalisé est reconnue, y compris avec une distinction nationale, l’attention portée aux usages est mise en avant, les externalités(*) positives du projet sont évoquées et l’espoir qu’elles seront confirmées est exprimé.

Il me semble que l’EFC amènerait à prendre le processus à revers ou à tout le moins en intégrant dès le départ la question de la valeur réelle (pour la distinguer de la valeur monétaire) que l’on cherche à produire en réalisant ce projet, et coconstruire ainsi une visée partagée. Cela peut se faire en questionnant les différents enjeux ou défis auxquels sont confrontés les habitants et les différents acteurs du bourg, pour choisir ainsi les effets utiles attendus par un projet intégrant le bâtis mais aussi des services. La friche serait alors considérée comme une ressource, essentielle mais pas seule, parmi d’autres ressources locales à identifier (cf. à ce sujet la définition de ressources proposée dans le cadre de l’approche ABCD).

La question du vieillissement de la population amène souvent à penser à une résidence pour accueillir les personnes âgées mais il peut aussi être intéressant de réfléchir aux conditions à réunir pour maintenir les personnes âgées à domicile. Il pourrait alors être intéressant de prévoir un local pour accueillir une association d’aide à la personne, une cantine intergénérationnelle, des aménagements spécifiquement pour cette population, voire des projets au regard des envies ou passions des habitants(**).

L’intégration de la valeur dans la dynamique de projet et son pilotage permet aussi d’avoir une démarche attentive aux effets utiles observés mais aussi aux effets non intentionnels (externalités) et de s’en saisir pour recherche à en amplifier l’impact le cas échéant.

Ainsi, si la dynamique impulsée dans le bourg est à l’origine de l’installation de nouveaux commerces, comment les aider, en lien avec le projet ? peuvent-ils enrichir le projet, par exemple avec des services adaptés aux personnes âgées ou inversement, comment le projet peut intégrer des actions ou des équipements qui soutiennent leur installation ?

Le risque sinon est d’avoir des équipements les uns à côté des autres sans qu’ils s’inscrivent dans une dynamique de prise en charge progressive des enjeux du territoire.

(*) dans le référentiel EFC, les externalités correspondent aux effets non intentionnels d’un projet ou d’une activité. Elles peuvent être positives ou négatives. Les effets intentionnels sont appelés effets utiles.

(**) un des principes enthousiasmant de l’ABCD

Laisser un commentaire