Conférence du collectif PAP à l’occasion de l’AG du CAUE 27

Le 8 juin, le CAUE 27 organisait son assemblée générale. A cette occasion, Jean-Pierre Thibault vice-président du collectif Paysages de l’Après Pétrole (PAP) est intervenu sur le thème « Aménager les territoires du bien-être ».

J’ai découvert le CAUE (Conseil Architecture, Urbanisme et Environnement) il y a quelques semaines à l’occasion du retour d’expérience de l’expérimentation recherche « Vallées habitées ». Cet événement m’a permis de me rendre compte de l’importance de ces métiers dans les dynamiques de transition des bourgs et des villes. J’ai alors souhaité aller plus loin dans la compréhension de leur démarche pour identifier si des liens sont possibles avec une démarche EFC, si le référentiel EFC peut être ressource dans le cadre de projets menés par le CAUE. J’ai donc décidé de participer à leur AG dans cette perspective.

Fondé en 2015, le Collectif Paysages de l’après-pétrole est un think tank composé de spécialistes de l’aménagement (agronomes, paysagistes, architectes, urbanistes et chercheurs en sciences sociales…) conscients de la nécessité d’une évolution de notre modèle actuel de développement. Le Collectif PAP a pour objectif de redonner durablement à la question du paysage un rôle central dans les politiques d’aménagement du territoire, dans un contexte de transition énergétique. 

L’intervention de Jean-Pierre Thibault du collectif Paysages de l’Après Pétrole portait sur la description de l’approche paysagère que ce collectif soutient dans un esprit en rupture avec notre histoire qui limitait la question du paysage à la protection d’espaces emblématiques (qu’ils ne bougent pas) ou à un objectif de décoration.

L’approche proposée s’appuie sur quelques principes :

  • Fédération pour une démarche transversale qui, notamment, permet de créer des liens entre les différents espaces et d’arrêter de construire les équipements de façon parcellisée, en silos ou tranches
  • Facilitation pour une démarche qui donne du sens, qui explicite l’intérêt collectif associé
  • Participation pour tenir compte de l’expertise d’usage

Une approche pour soutenir :

  • Une transition énergétique avec les trois axes : sobriété, efficacité énergétique et mix EnR. Les dispositifs TEPOS et les Centrales villageoises sont évoqués. Le Mené est cité en exemple(*)
  • Une transition agroécologique et forestière
  • La transition vers la ville durable avec trois sujets mis en avant : les quartiers sensibles, l’abandon des centres historiques et la campagne urbaine.

Avec aussi trois idées phares :

  • Paysage partout et pas seulement là où ce serait beau
  • Pour tous et pas seulement dans les beaux quartiers
  • Pour une transition qui fait du bien

J’ai bien aimé la présentation du « paysage » qui m’a fait penser au livre de Bruno Latour « Où Atterrir » quand il parle de l’environnement qui s’invite parmi les acteurs et n’est plus relégué comme seul décor.

Toutefois, l’approche paysagère peut-elle soutenir des transitions profondes sont intégrer les questions de fonctionnalités, de grandes fonctions de la vie ? Dans cette présentation, seule la mobilité était suggérée et la production d’énergie. La transversalité mise en avant doit aller plus loin je crois, à moins que ce ne soit le paysage qui doive s’inviter dans les approches de transition économique ?

Ainsi dans un projet de construction d’une filière Bois Energie sur lequel je travaille, la question du paysage est absente et cela mérite d’y réfléchir mais cette dimension ne peut pas être centrale dans un projet où les enjeux sont nombreux autour de la production d’EnR, du revenu des exploitants agricoles et plus largement de tous acteurs impliqués, mais aussi la préservation de la biodiversité, la qualité des masses d’eau dans les rivières… Alors quelle place donner au paysage et comment s’en saisir ?

Sur leur site, le collectif PAP publie une note sur la représentation des paysages d’Afterres2050. On y lit que :  » Afin de rendre la démarche Afterres2050 «désirable» pour tous, il est primordial de trouver la bonne manière de la communiquer. Pour répondre à cet enjeu, INITIAL(**) propose de traduire les évolutions prévues par le scénario en termes de paysages, par une représentation graphique de ces potentielles transformations sur le territoire. Sous forme d’images, ce travail rend lisible les paysages d’Afterres2050 (…). Il s’agit d’apporter au scénario Afterres2050 une dimension sensible propre au travail du paysagiste, de l’ordre de la perception et du vécu, qui a le potentiel de promouvoir les modes de vie que propose Afterres2050 en lien avec les valeurs de l’Agence de l’Eau(***). Ainsi, cette recherche de prospective paysagère se situe à la fois dans l’invention d’une méthode pour traduire des principes agronomiques en formes paysagères et dans l’invention d’une façon de représenter les paysages agricoles en 2050. » Une amorce de réponse à travailler…

(*) le Mené est une des collectivités qui ont participé au 1e atelier Villes Pairs Territoires Pilotes de la Transition, organisé par le laboratoire d’intervention recherche ATEMIS, qui a permis d’aboutir à la première version du « référentiel Villes Pairs, Territoires Pilotes de la Transition » »

(**) Une agence de paysagistes

(***) L’agence de l’eau soutenait ce projet réalisé en 2016

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